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son armée toute espèce de secours. (2) La ville même de Cingulum, que Labiénus avait fondée et bâtie à ses frais, lui envoie des députés, et lui promet de faire avec le plus grand zèle tout ce qu’il ordonnera. (3) Il demande des soldats : on les donne. Cependant la douzième légion le rejoint. Avec ces deux légions César marche sur Asculum Picénum. Lentulus Spinther tenait cette place avec dix cohortes. À la nouvelle de l’arrivée de César, il se hâte d’en sortir, et, après de vains efforts pour emmener ses cohortes, il est abandonné par la plus grande partie de ses troupes. (4) Laissé en chemin avec un petit nombre de soldats, il rencontre Vibullius Rufus que Pompée envoyait dans le Picénum pour y rassurer les esprits. Vibullius, ayant appris de Lentulus Spinther ce qui se passe dans le Picénum, prend ses soldats et le laisse aller. (5) Il rassemble, autant que possible, les cohortes que Pompée avait levées dans les pays voisins ; ayant rencontré Lucilius Hirrus qui s’enfuyait de Camérinum avec six cohortes qu’il y avait eues en garnison, il les joint aux siennes ; en sorte qu’il se trouve en avoir treize. (6) Avec ces troupes il se rend à grandes journées à Corfinium vers Domitius Ahénobarbus, et lui annonce que César arrive avec deux légions. (7) De son côté, Domitius avait levé environ vingt cohortes à Albe, chez les Marses, les Péligniens, et dans les pays voisins.

Siège et prise de Corfinium

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(1) Après la prise de Firmum, d’où Lentulus s’était sauvé, César fit rechercher les soldats qui l’avaient abandonné, et ordonna de nouvelles levées. Pour lui, après s’être arrêté un jour à Asculum, à cause des approvisionnements, il marche sur Corfinium. (2) Lorsqu’il y arriva, cinq cohortes envoyées, détachées de la ville par Domitius, travaillaient à rompre un pont qui était environ à trois milles pas. (3) Là, un combat s’étant engagé entre les éclaireurs de César et la troupe de Domitius, celle-ci fut bientôt repoussée loin du pont, et se sauva dans la ville. César fit passer ses légions, et vint camper sous les murs de la place.

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(1) Instruit de ces faits, Domitius dépêcha en Apulie vers Pompée des hommes qui connaissent le pays ; il leur promet de grandes récompenses et les charge de lettres par lesquelles il demande instamment du secours. "Avec deux armées, dit-il, on pourra aisément enfermer César dans ces défilés et lui couper les vivres. (2) Mais si Pompée ne vient pas lui-même avec plus de trente cohortes et un grand nombre de sénateurs et de chevaliers romains, il se trouvera dans le plus grand péril." (3) En même temps il exhorte ses troupes, dispose ses machines sur le rempart, et assigne à chacun son poste : ayant assemblé les soldats, il promet à chacun d’eux quatre arpents de ses propriétés, et autant à proportion aux centurions et aux vétérans.

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(1) Sur ces entrefaites, on apprend à César que ceux de Sulmone, ville à sept milles de Corfinium, voulaient se donner à lui, mais qu’ils en étaient empêchés par le sénateur Q. Lucrétius et par Attius Pélignus qui la gardaient avec sept cohortes. (2) César y envoie M. Antoine avec cinq cohortes de la treizième