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les assiégés sortent en silence, et commencent à passer le fleuve. César, averti par les éclaireurs, met le feu aux portes, fait entrer les légions qui avaient reçu l’ordre d’être prêtes, et s’empare de la place. Très peu d’ennemis échappèrent ; presque tous furent pris, parce que le peu de largeur du pont et des issues arrêta la multitude dans sa fuite. César pille et brûle la ville, abandonne le butin aux soldats, fait passer la Loire à l’armée, et arrive sur le territoire des Bituriges.

XII. Vercingétorix, à la nouvelle de l’approche de César, lève le siège[1] et part au-devant de lui. Celui-ci avait résolu d’assiéger Noviodunum[2], ville des Bituriges, placée sur sa route. Des députés en étaient sortis pour le prier de leur pardonner et de leur conserver la vie ; César, pour terminer l’expédition avec cette promptitude qui avait fait le succès de ses précédentes, leur ordonne de lui apporter les armes, de lui amener les chevaux, de lui donner des otages. Une partie des otages avait déjà été livrée, et le reste du traité s’exécutait en présence des centurions et de quelques soldats qu’on avait introduits dans la place pour recueillir les armes et les chevaux, lorsqu’on aperçut au loin la cavalerie des ennemis qui précédait l’armée de Vercingétorix. Dès qu’ils l’aperçoivent et qu’ils ont l’espoir d’être secourus, les habitants poussent un cri et commencent à prendre les armes, à fermer les portes et à border le rempart. Les centurions qui étaient dans la ville, comprenant aux mouvements des Gaulois qu’ils trament quelque nouveau dessein s’emparent des portes l’épée à la main et se retirent sans perte ainsi que tous leurs soldats.

XIII. César fait sortir du camp sa cavalerie et engage le combat avec celle des Gaulois. La nôtre commençant à plier, il la fait soutenir par environ six cents cavaliers germains qu’il s’était attachés depuis le commencement de la guerre. Les Gaulois ne purent soutenir leur choc, prirent la fuite et se replièrent sur leur armée avec beaucoup de pertes. Cette déroute ayant jeté de nouveau la terreur dans la ville, les habitants saisirent ceux qu’ils crurent avoir excité le peuple, les amenèrent à César et se rendirent à lui. Cette affaire terminée, César marcha sur Avaricum[3], la plus grande et la plus forte place des Bituriges, et située sur le territoire le plus fertile ; il espérait que la prise de cette ville le rendrait maître de tout le pays.

XIV. Vercingétorix, après tant de revers essuyés successivement à Vellaunodunum, à Cénabum, à Noviodunum, convoque un conseil. Il démontre « que cette guerre doit être conduite tout autrement qu’elle ne l’a été jusqu’alors ; qu’il faut employer tous les moyens pour couper aux Romains les vivres et le fourrage ; que cela sera aisé, puisque l’on a beaucoup de cavalerie et qu’on est secondé par la saison ; que, ne trouvant pas d’herbes à couper, les ennemis seront contraints de se disperser pour en chercher dans les maisons, et que la cavalerie pourra chaque jour les détruire ; qu’enfin le salut commun doit faire oublier les intérêts particuliers ; qu’il faut incendier les bourgs et les maisons en tout sens depuis

  1. De Gergovie.
  2. Nonan-le-Fuzélier, à douze lieues d’Orléans, par la route de Bourges ; selon d’autres Neuvi-sur-Baranjon.
  3. Aujourd’hui Bourges.