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Je croy que c’est une punition,
De quoy j’avois si faulcement menty.


Complainte en la personne
d’un Amant abusé.


En trop aymant j'ay trop esté deceu,
Et ce trop est, pour trop grande simplesse,
Jamais je n’eusse en mon Esprit conceu,
Qu'elleust esté tant pleine de finesse.
Je cuiddois bien m’y conduire en sagesse,
Mais usé m’a d’une latente ruse,
Si Saige n'est que la Femme n’abuse.


Du siege d’Amour, et que ne peut
estre separé du Cueur.


L'Amour entier gist dedans, non dehors,
Il gist dedans, doncques est invisible.
Au Cueur il est, enclos dedans le Corps,
De l’en oster est un cas impossible.
Le Corps qui est d’une douleur passible,
À dueil estant de l'Amy separé :
Mais le Cueur où l'Amour est emparé,
Quoy que du Corps souvent se face absence,
Nen donne rien : car il est preparé
D’aymer derriere, aultant comme en presence.