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Nestoit que serf, languissant en sa vie.
Ò doulcé Mort, qui à Dieu nous conjoinct,
De tous plaisirs rendant l'Ame assouvie.


Du mesme,


Impossible est que le grain mis en terre,
Porte aulcun fruict paravant qu’il soit mort,
Aussy pendant, que l’Esprit est en serre
Dedans le Corps, ignorant de la Mort,
Il a tousjours en soy quelque remort,
Lequel, bon fruict l'engarde de produire.
Le Corps ne peut à faire bien l’induire,
Car luy tollist son bon nourrissement.
La seule Mort le peut à ce conduire,
Pour porter fruict au jour du jugement.


Sur la mesme sentence.


Deux ennemys sont en une closture,
Se guerroyants en cruelle discorde.
Voire et si fault que ceste guerre dure
Jusques à ce, qu’un seul les deux accorde.
C'est dans le Corps l'Esprit, et la Chair orde,
Qui tousjours ont ensemble difference :
Et besoing est que la Mort s'y advance,
Qui les separe, et termine leur guerre,