Page:Sainte-Marthe - La poésie françoise de Charles de Saincte-Marthe, 1540.pdf/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Par vostre Amye avez calamité,
Et à la fin nul bien que le mal : mais
Si par la mienne endure adversité,
J'en ay apres un grand bien à jamais.

Vostre Amye est forte a entretenir
D’habitz pompeux, jaserans, et anneaulx :
Mais vers la mienne humble me maintenir
En vive Foy, ce sont tous ses joyaux.

Vostre Amye est agréable en Jeunesse,
Sur le vieil Age, elle ennuye et deplaist.
La mienne n'a changement par vieillesse,
Tousjours jeune est, et si tousjours me plaist.

Vostre Amye a dez parfuns de Civette,
Et par odoeurs à l'aymer vous attire :
Mais la mienne est au simple nom si nette,
Que suis contrainct l'aymer jusqu’au martyre.

De vostre Amye avez suspition,
Qu'aymant aultruy quelque jour ne vous laisse.
La mienne n’a de variation,
Et n'ay point paeur, que son amour rabbaisse.

Or plus n’en peut vostre Amye aymer qu’un,
Ou aultrement elle sera blasmée.