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Le Philalethe, c’est à dire, Amy de vérité,
blasonne son Amye

Ò Amoureux, bien ya difference
Si comparez vostre Amye a la mienne.
Et tout cogneu, ne verrez apparence
De garder tant la coustume ancienne.

Premièrement, vostre Amye est mortelle,
Et n’est sinon qu’une corruption :
Mais la mienne est (au contraire) immortelle,
Tousjours entiere en incorruption.

Vostre Amye est plus souvent incertaine,
Fille de l’homme inquiné de peché :
Mais la mienne est constante et tres certaine,
Fille de Dieu, de nul vice empesché.

La voftre est belle en beaulté non durable,
Et tousjours a besoing d’adjoustement.
La mienne est belle en beaulté perdurable,
Sans aulcun Sy, perfaicte entierement.

Vostre Amye est bien souvent rigoreuse,
Si la priez le contraire commande :
Mais la mienne est en doulceur planteureuse,
En me donnant tout ce que luy demande.