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Tu as tant fait, qu’as trouvé le loisir
De rendre à toy ma personne captive.
Or maintenant m’est force, que je vive
( Quoy vive ? ) mais languisse sans raison,
Le Corps aux Champz, et le Cueur en prison.


Le Cueur est pris, je ne le puis nyer.
Mais, oultre ce, s'augmente mon martyre,
Car celle là, qui le tient prisonnier
A son Amour par ses Graces m'attire.
Ou le Cueur est, il fault que le Corps tire
Pour concaptif : car sans luy ne peut rien.
Ò Mal mortel conjoinct à un grand bien.


Si longuement en tel estat demeure,
Je veoy ma fin, qui a moy ne se cele.
Si je n’y suis, tant plus m’est elle seure.
Car ne pourroys vivre separé d’elle.
Qui veyt jamais à quelcun peine telle,
Que j'appercoy davant mez yeulx escripte?
Las, tu m’es bien pour fatale prescripte.


A un sien faulx Amy, qui l'avoit trahy.


Le premier coup, que jamais je te vis,
Soubdain t’aymay, et fus à mon plaisir.
Aussy pour lors il m’estoit bien advis
Que n’eusse peu meilleur Amy choisir,
Or puis apres t’ay cogneu à loisir,