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Puisque tant d’eaulx ne peurent onc estaindre
Le feu, duquel un mortel corps flamma.
Croire convient, que tel feu est à craindre.
Et que pouvoir divin en sa flamme a.
Ou celle donc par qui tant s'en flamma,
Avoir Beaulté bien supernaturelle,
Veu que ne peut la Vertu naturelle
Luy resister. Ou si telle n’estoit,
Nommer la fault à oultrance cruelle,
Que de son eau sur ce feu ne gettoit.


Dame Laure se defend, et monstre,
que le feu d’Amour ne s'estaint
par industrie humaine.


lnjustement, o Amy, tu m’accuses
D'avoir usé d’aulcune cruaulté:
Et par le tien jugement tu t'abuses,
Cuiddant ce feu s'enflammer par Beaulté.
Belle je fus, ce n’est pas neuveaulté.
Et non pourtant ma Beaulté fut mortelle.
Mais, quant au feu, sa flamme ne fut telle,
Que par ces eaulx je l’eusse peu estaindre.
Car invisible estoit et immortelle,
Ainsy n’eust peu Art humain la contraindre.


A Madamoseille Beringue.


Au clair Midy, je chemine en tenebres,