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Demonstre toy du Bien recognoissant,
Qui est moyen que ton bruit va croissant.
Et n'use aussi d'aulcune ingratitude,
Envers celuy, lequel met son estude,
Son bien, son Corps, son labeur, et Esprit,
A te remettre au dessus, par escript.

Il t'a remis Eloquence en lumiere,

Il t'a monstré trefacille maniere,
Comment pourras getter ton fondement
Sur le altin, puis bastir bellement :
Donnant à ce, la matiere propice,
Pour eslever en l'Air ton edifice,
Et (non content) affin que ne fussions
Gent ridicule aux aultres nations,
Qui bien souvent nous ont fait ce reproche,
Que delaissons ce, qui nous est plus proche,
Et que de nous voulons nous estranger :
Nous content (dy je) il a prins ceste peine,
De nous monstrer, nostre Langue estre pleine,
De graves mots, termes, et dictions,
Propres en tout à ses affections.
Et qu'elle n'est, plus qu'une aultre, affamée,
Mais tresantique, et nomblement famée,
En son endroit ayant son regne et cours,

Sans qu'elle prenne aux estranges recours.
Ce labeur est à nostre langue lustre,
Pour l'advancer, et rendre tresillustre,