Page:Sainte-Beuve - Nouveaux lundis, tome 5.djvu/312

Cette page n’a pas encore été corrigée

blic Œenthousiasme ; il s’en présentait un devant nous, nous l’avons saisi. Plus il était lointain, plus il nous frappait Œéblouissement ; les vapeurs mêmes dont il nous apparaissait enveloppé l’exagéraient à nos yeux, comme la lune plus large quand elle se lève à l’horizon. Si nous avions été prudents et sage s, si une première chevalerie ne nous avait pas emportés, ou si nous avions su y joindre (ce qui semble contradictoire et presque impossible, ce qui pourtant ne l’est pas absolument) une clairvoyance rapide et positive, nous serions moins déçus et moins étonnés après coup. Je suis persuadé que si dans cette brillante levée de jeunesse qui s’enròla sur la foi de La Fayette pour voler au secours des insurgens de Boston, il y a eu quelque esprit fin, sagace, mordant, comme il s’en trouvait volontiers dans la jeune noblesse d’alors, il a dû, au retour et dans des conversations familières, rabattre beaucoup defPidée exaltée qu’on se faisait des républicains de ce pays, et dénoncer déjà en eux le côté si peu idéal qui s’est marqué si vite, que Franklin connaissait et, en partie, personnifiait si bien. Les nations, comme les hommes, n’ont que d’illustres moments ; aux jours de gloire et de grandeur morale qui méritent et obtiennent le triomphe, succèdent des journées monotones que le bon sens et une juste politique pratique doivent, sous peine de déchet, occuper tout entières et remplir. Amérique, Grèce, chère Italie aujourd’hui à l’œuvre ! vous n’avez pu échapper à cette loi ; il ‘ne suillt pas d’exploits brillants et d’un jour, i} fa} une bonne conduite continue. La Grèce, depuis