Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 8.djvu/392

Cette page n’a pas encore été corrigée

imprimé à Paris chez Antoine Dezallier, deux volumes in-folio, le sieur Baluze, auteur de cette histoire, avoit non-seulement osé avancer différentes propositions sans aucune preuve suffisante, mais encore que, pour autoriser plusieurs faits avancés contre toute vérité, il avoit inséré dans le volume des preuves plusieurs titres et pièces qui avoient été déclarées fausses par arrêt de la chambre de l’Arsenal du 11 juillet 1704, qui est une entreprise d’autant plus condamnable que, outre le mépris d’un arrêt si authentique et rendu en si grande connoissance de cause, un pareil ouvrage ne peut être fait que pour appuyer une usurpation criminelle et ménagée depuis longtemps par les artifices les plus condamnables, et pour tromper le public dans des matières aussi importantes que le sont les droits ou les prétentions des grandes maisons du royaume ; à quoi étant nécessaire de pourvoir, et tout considéré, le roi étant en son conseil a ordonné et ordonne que le privilége accordé par Sa Majesté pour l’impression de ladite Histoire généalogique de la maison d’Auvergne, en date du 8 février 1705, sera rapporté pour être cancellé, et qu’il sera fait recherche exacte de tous les exemplaires dudit ouvrage, qui seront déchirés et mis au pilon. Enjoint Sa Majesté au sieur d’Argenson, conseiller d’État et lieutenant général de police à Paris, de tenir la main à l’exécution du présent arrêt, et d’en certifier M. le chancelier dans huitaine. Fait au conseil d’État, Sa Majesté y étant, tenu à Versailles, le premier jour de juillet 1710. Signé Phélypeaux. »

On imprima qnantité d’exemplaires de cet arrêt, on les distribua à pleines mains à qui en voulut, pour rendre la chose plus authentique. Le peu de patrimoine que le cardinal de Bouillon n’avoit pu soustraire fut incontinent confisqué ; le temporel de ses bénéfices étoit déjà saisi, et le 7 juillet il parut une déclaration du roi, qui, privant le cardinal de Bouillon de toutes ses collations, les attribuoit aux évêques dans le diocèse desquels ces bénéfices se trouveroient