Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 8.djvu/365

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il y trouva une grande désertion dans l’armée, et les ennemis devant Aire et Saint-Venant à la fois. Chevilly, qui commandoit à Ypres, informé que les ennemis faisoient partir un grand convoi de Gand, fît sortir de sa place Ravignan, maréchal de camp, la nuit, avec deux mille cinq cents hommes. Ravignan trouva le convoi à Vive-Saint-Éloi ; il y avoit quarante-cinq balandres [1] chargées de munitions de guerre et de bouche, escortées au bord de l’eau par treize cents hommes, dont huit cents Anglois et six cents chevaux. Ravignan les attaqua brusquement ; les treize cents hommes furent tous tués, noyés ou pris, et la cavalerie qui prit la fuite de bonne heure, perdit au moins moitié. Le fils du comte d’Athlone et presque tous les principaux officiers furent pris. Après cette expédition, Ravignan éloigna ses troupes, brûla les quarante-cinq balandres, et fit sauter treize cents milliers de poudre qui détruisirent le village de Vive-Saint-Éloi. On crut que cette affaire coûta près de trois millions aux ennemis.

Aire et Saint-Venant se défendoient toujours. Il y eut de grosses actions aux deux siéges. La tranchée avoit été ouverte à Aire en deux endroits à la fois, le 12 septembre. Goesbriant, gendre de Desmarets, y commandoit, et y faisoit de grandes sorties. Le chevalier de Selve en fit aussi à Saint-Venant, dans une desquelles Listenois fut tué. Le chevalier de Rothelin eut les deux cuisses percées à Aire, et à Saint-Venant. Béranger, colonel de Bugey, fort estimé, fut tué. Ce régiment fut donné à son frère, et celui de Listenois au sien, Goesbriant fit abandonner aux ennemis l’attaque du côté du château, et par deux fois les fours à chaux qui étoient à la tête des ouvrages de la place, mais que lui-même abandonna à la troisième attaque. Il les repoussa aussi du chemin couvert qu’ils vouloient emporter, où le second fils du comte de La Mothe fut tué. Ils le furent

  1. Bateaux plats.