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Ainsi l’esprit humain a suivi, depuis le quinzième siècle, une marche opposée à celle qu’il avait suivie jusqu’à cette époque ; et certes les progrès importants et positifs qui en sont résultés dans toutes les directions de nos connaissances prouvent irrévocablement combien nos aïeux du moyen âge s’étaient trompés en estimant d’une utilité médiocre l’étude des faits particuliers, des principes secondaires, et l’analyse des intérêts privés.

Mais il est également vrai qu’un très grand mal est résulté pour la société de l’état d’abandon dans lequel on a laissé, depuis le quinzième siècle, les travaux relatifs à l’étude des faits généraux, des principes généraux et des intérêts généraux. Cet abandon a donné naissance au sentiment d’égoïsme, qui est devenu dominant dans toutes les classes et tous les individus, a facilité à César les moyens de recouvrer une grande partie de la force politique qu’il avait perdue avant le quinzième siècle. C’est à cet égoïsme qu’il faut attribuer la maladie politique de notre époque, maladie qui met en souffrance tous les travailleurs utiles à la société ; maladie qui fait absorber