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ment spéculative, attendu que l’intelligence humaine n’a point les moyens d’établir des généralités assez précises pour qu’il soit possible d’en tirer, comme conséquences directes toutes les spécialités.

C’est à ce fait important que se rattachent les observations que j’ai présentées en faisant ce dialogue, dans l’examen du catholicisme et du protestantisme.

Depuis la dissolution du pouvoir spirituel européen, résultat de l’insurrection de Luther ; depuis le quinzième siècle, l’esprit humain s’est détaché des vues les plus générales : il s’est livré aux spécialités, il s’est occupé de l’analyse des faits particuliers, des intérêts privés des différentes classes de la société ; il a travaillé à poser les principes secondaires qui pouvaient servir de base aux différentes branches de ses connaissances ; et, pendant cette seconde période, l’opinion s’est établie que les considérations sur les faits généraux, sur les principes généraux et sur les intérêts généraux de l’espèce humaine, n’étaient que des considérations vagues et métaphysiques, ne pouvant contribuer efficacement aux progrès des lumières et au perfectionnement de la civilisation.