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ment de tous les produits importants de la culture, mais encore de tous les objets de première nécessité, et il concède l’exercice de ce monopole à ceux des cardinaux qui parviennent à devenir ses favoris[1].

Enfin il n’existe dans les États ecclésiastiques aucune activité de fabrication, quoique le bon marché de la main d’œuvre pût y rendre l’établissement de manufactures très avantageux. Cela tient uniquement aux vices de l’administration.

Toutes les branches d’industrie se trouvent paralysées. Les pauvres manquent de travail, et mourraient de faim si les établissements ecclé-

  1. Sous en rapport fondamental de l’existence sociale, l’administration papale est encore plus vicieuse que celle du grand-turc. Je vais en citer un exemple récent : un boulanger de Rome a été condamné à une forte amende pour avoir vendu du pain à un prix qui n’était pas légal. Le motif de la condamnation n’était point que le vendeur eût fait tort à l’acquéreur en lui livrant une quantité inférieure à celle qu’il devait recevoir ; la punition avait une cause absolument opposée. La faute punie consistait à s’être rendu coupable de délit envers les vendeurs en traitant trop avantageusement les acheteurs.

    L’explication de ce jugement inique est bien facile : la presque totalité des boulangers de Rome appartient à des cardinaux, qui ont par conséquent intérêt à vendre le pain le plus cher possible, et qui regardent comme un crime tout ce qui diminue leurs bénéfices.