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l’espèce humaine n’est point condamnée à l’imitation ; et il arrive bien souvent que, lorsque nous apprécions complètement l’avantage qu’il y a eu, à une époque antérieure, d’adopter telle opinion, telle institution, cette approbation, pour ce qui a été fait, doit marcher de front avec l’établissement d’une opinion, d’une institution encore supérieure, et toute erreur à cet égard est à la fois et nuisible et passagère.

Quant aux personnes qui n’envisagent les idées sur la Divinité et sur la révélation que comme des formules qui ont pu avoir quelque utilité à des époques d’ignorance et de barbarie, et qui trouveront anti-philosophique l’emploi de semblables formules au xixe siècle ; ces personnes, qui, d’un rire voltairien, croiront pouvoir réfuter l’auteur de cet écrit, chercheront probablement dans leurs systèmes prétendus philosophiques une formule de morale plus générale, plus simple et plus populaire que la formule chrétienne ; et si elles ne trouvaient à lui substituer que la raison pure et la loi naturelle, révélée au fond des cœurs, elles ne soutiendraient plus sans doute une discussion de mots ; d’ailleurs elles ne tarderaient pas à s’apercevoir combien il y a de vague et d’incertitude dans leur langage. Si elles