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dans une heure mes invités seront ici ! Oh ! que je suis heureux ! Embrasse-moi, Ernestine, embrasse-moi !

ERNESTINE.

Non, papa, ça chiffonnerait ma robe !

CHOUFLEURI.

Ah ! oui, tu as raison. Sais-tu que mes invitations ont produit un effet foudroyant ! J’en ai envoyé à tous les ministres et à tous les ambassadeurs ; ils ne viendront probablement pas, ils sont si occupés ; mais de ma part, c’est de bon goût. En dehors du monde officiel j’aurai tout Paris… c’est une expression exagérée, car je n’en aurai pas le quart. (Avec émotion.) Mes invitations ! en voilà une ! J’en ai semé partout. (Lisant.) « Monsieur Choufleuri restera chez lui le 24 janvier 1833… » Je reste chez lui ! le rêve et l’ambition de ma vie entière ! (Reprenant sa lecture.) « On fera de la musique. On entendra madame Sontag, M. Rubini et M. Tamburini. » Il parait que c’est ce qu’il y aura de mieux ! Ma soirée sera superbe ! Et on en rendra compte dans la chronique des journaux ? Ah ! c’est un beau rêve ! Mon nom imprimé dans un journal ! je ne l’ai vu qu’une fois, j’avais été arrêté, arrêté dans un groupe par mégarde, et encore ces journalistes sont si bêtes qu’ils avait écrit choux au lieu de chou ; mais n’importe, ça m’a flatté !