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Toute statuë ou medaille est fragile
Au fil des ans, mais la durable gloire
Vient de main docte et bien disante plume[1].


ORAISON D’UN AMI


pour s’amie malade.


Dieu, qui voulus le très-haut ciel laisser
Et ta hautesse en la terre abbaisser,
Là où santé donnas à maints et maintes,
Veuilles ouïr de toutes mes complaintes,
Une sans plus ; veuilles donner santé
A celle-là par qui suis tormenté.
Ta sainte voix en l’Evangile crie,
Que tout vivant pour son ennemi prie :
Guéris donc celle, ô médecin parfait,
Qui m’est contraire et malade me fait !
Hélas ! Seigneur, il semble, tant est belle,
Que plaisir prins à la composer telle.
Ne souffre pas à venir cet outrage,
Que maladie efface ton ouvrage !
Son embonpoint commence à se passer ;
Ja ce beau teint commence à s’effacer,
Et ces beaux yeux clairs et resplandissans,
Qui m’ont navré, deviennent languissans.

  1. Imprimé au commencement du t. 1 de l’Amadis, traduit par N. de Herberay (Paris, Vincent Sertenas, 1555, in-8). Les rimes des deux tercets sont disposées à l’italienne. p. b.