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Que le chapeau de Tabarin[1]
Et la flame d’une chandelle,
Ont bien plus de constance qu’elle.
Bref, il m’en a tant discouru,
Que j’en ay l’esprit tout bourru.
Item, j’ay veu chez la contesse
La beauté qui me traisne en lesse,
Bien que ses appas fassent flus
Et qu’elle ait cinquante ans et plus.
Ouy-dà, je l’ay veue et baisée[2],
Cette vieille, cette rusée,
Qui semble encore, en se mourant,
Crier à ce beau demeurant.


    son premier métier. Ce fut toujours Un gros ivrogne ; avec les honnêtes gens, une ame basse et rampante. Pour être de belle humeur, il falloit qu’il grenouillât ou qu’il bût chopine avec son compère le savetier dans quelque cabaret borgne. Il n’aima jamais qu’en bas lieu, et se maria en vieux pécheur, à une fille assés belle et déjà âgée. — Voila ses vices.

    « Venons à ses belles qualités. Il était si gros, si gras et si ventru… »

  1. Valet du charlatan Mondor, et bouffon. Sa fille épousa Gautier Garguille (Hugues Gueru, dit Flesselles), et à sa mort un gentilhomme normand. Ses œuvres ont été imprimées : c’est un recueil de facéties plus ou moins grossières, parfois assez piquantes.
  2. « C’est une desplaisants coustume, dit Montaigne, et injurieuse aux dames, d’avoir a prester leurs lèvres à quiconque a trois vallets a sa suite, pour mal plaisant qu’il soit ; et nous-mesmes n’y gaignons guères, car, comme le monde se voit party, pour trois belles il nous en fait baiser cinquante laides. »

    « En France, dit H. Estienne (Apol. pour Hérodote), le baiser entre gentilshommes et genti-femmes et ceui et celles qui en portent le nom est permis et trouvé honneste, soyt qu’il y ayt parenté, soyt qu’il n’y en ayt point. »

    « Si mademoiselle est en l’église et arrive quelque gentil-