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une branleuse ; par hasard ou par prédilection, Delbène ne me manqua pas ; Elisabeth était devenue le choix de Ste.-Elme, et Flavie celui de Volmar. Les groupes étaient arrangés de manière à ce que chacun jouissait de la vue des plaisirs de l’autre. On n’a pas d’idée de ce que nous fîmes. Oh ! comme Ste.-Elme était délicieuse ! Ardemment passionnées l’une pour l’autre, nous nous branlâmes toutes deux jusqu’à extinction. Il ne fut rien que nous n’imaginâmes, rien que nous ne fîmes ; enfin, tout se remela, et les deux dernières heures de cette voluptueuse débauche furent si lascives, que dans aucun bordel peut-être il ne se commit tant de luxures.

Une chose m’avait paru singulière, c’était l’extrême ménagement qu’on avait pour le pucelage des pensionnaires. On n’observait pas sans doute les mêmes loix vis-à-vis de celles dont les vœux étaient prononcés ; mais on respectait à un point que je ne pouvais comprendre, celles qui se destinaient au monde ; leur honneur y tient, me dit Delbène, que j’interrogeai sur cette réserve : nous voulons bien nous amuser de ces jeunes filles, mais pourquoi les perdre ?