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de m’intéresser pour un de ses parens auquel il était arrivé une aventure assez désagréable ; il ne s’agissait, disait-elle, que de dire un mot à mon amant dont le crédit près du ministre arrangerait tout aussitôt ; le jeune-homme, si je le voulais, viendrait lui-même me compter son histoire. Entraînée, ici, comme malgré moi, par le desir de faire un heureux, fatal desir, dont la main de la nature qui ne m’avait pas créé pour la vertu, eût bientôt soin de me punir, j’accepte : le jeune-homme paraît : Dieu ! quelle est ma surprise, en reconnaissant Lubin ! je fais ce que je puis, pour déguiser mon trouble ; Lubin m’assure qu’il n’est plus chez le duc, il me bâtit un roman qui n’a ni queue, ni tête ; je lui promets de le servir ; le traître sort content, dit-il, de m’avoir retrouvée, depuis un an qu’il ne cessait de me chercher. Quelques jours s’écoulèrent, sans que j’entendisse parler de rien ; je m’étourdissais sur la malheureuse suite que pouvait avoir cette rencontre, je marquais même mon ressentiment contre l’amie de ma femme-de-chambre, qui m’avait engagée dans ce piège, quoique je ne me doutasse pas si c’était, ou non, par méchanceté, lors-