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La vie de la malheureuse que vous voulez immoler, et ma liberté, si-tôt que vous aurez touché le seuil de cette porte. Ta liberté est sûre, dit le voleur ; mais le premier point est impossible. — Ah ! dans quel cruel embarras vous me mettez ! Pourquoi suis-je descendue ? — Le jour va paraître, Justine, tu l’observais toi-même tout-à-l’heure, il ne faut donc pas perdre une minute… et Justine, tremblante, avança. Voilà un peuplier qui me guide, dit-elle, je passai dessous pour entrer ; la porte en doit être voisine. Cœur-de-Fer et ses gens saisissent cette indication et apperçoivent enfin une porte… ils y conduisent Justine. Est-ce là, lui demandent-ils ? — Une petite porte verte. — Oui, la voilà, — Oh ! monsieur, renvoyez-moi maintenant. Cela doit être, dit Cœur-de-Fer, nous te tiendrons la parole que nous t’avons donnée, voilà dix louis ; embrasse-moi, chère fille ; je pourrais exiger de toi des faveurs… si long-tems attendues… Je pourrais te punir d’une grande faute commise envers la troupe ; mais cette faute, bien inférieure à celle dont nous allons nous venger dans l’instant, a son excuse dans ta vertu ; l’intérêt seul fut le motif de l’autre. Tous brigands que nous sommes, ces