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gulière conduite, que la plus extrême soumission puisse nous faire échapper au sort qui nous attend ; j’en ai vu qui volaient au-devant de tous leurs desirs, qui les prévenaient avec le plus grand soin, et qui partaient au bout de six mois ; d’autre, maussades et fantasques, végétaient ici des années : il est donc inutile de prescrire à nos arrivantes un genre quelconque de conduite ; la fantaisie, l’unique volonté de ces monstres, brise tous les freins et devient éternellement la loi de leurs détestables actions.

Lorsqu’une femme doit être réformée, et je sais que c’est la même chose chez les hommes, elle en est prévenue le matin, jamais plutôt. Le régent de fonction paraît à l’heure ordinaire, et dit, je le suppose : « Omphale, vos maîtres vous réforment ; je viendrai vous chercher ce soir. » Puis, il continue sa besogne ; mais à l’examen, la réformée ne s’offre plus à lui ; est-il parti, elle embrasse ses compagnes ; et, d’après son humeur ou son caractère, ou elle s’étourdit avec elles, ou elle va déplorer son sort au fond de sa cellule ; mais point de cris, point de marques de désespoir ; elle serait hachée en morceaux dans l’instant, si l’on lui entendait faire le