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qu’il exigeait des liens ; trois ou quatre fois dans la journée la même femme était replacée sur la machine, ensuite tenue dans son lit neuf jours, la tête basse et les pieds très-hauts ; soit que les moyens de Bandole fussent bons, soit que son sperme eût une véritable vertu prolifique ; toujours est-il certain qu’il n’en manquait guères ; au bout de neuf mois l’enfant paraissait ; on le soignait pendant dix-huit ; on le noyait enfin. Et c’était (cette circonstance est digne de remarque), c’était toujours Bandole lui-même qui terminait cette opération, seul procédé dont il obtenait l’érection nécessaire à procréer de nouvelles victimes.

À chaque couche on réformait celle des femmes qui venait de produire ; en telle sorte qu’une sultane n’était jamais gardée qu’en cas de stérilité, ce qui les plaçait nécessairement dans l’affreuse alternative ou de passer là leur vie, ou de faire un enfant avec ce monstre-Et comme elles ignoraient d’ailleurs exactement ce qu’on faisait de leur progéniture, Bandole ne voyait aucune difficulté à leur rendre leur liberté entière ; on les ramenait dans le même lieu où elles avaient été prises, avec mille écus de dédommagement ; mais notre homme, sur-