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moindre chose. Nous avons, hommes et femmes, quelque soit l’âge, chacun deux bouteilles de vin par jour, dont une de blanc, pour les déjeûners et les goûters, une demi-bouteille de liqueur et du café. Celles qui ne consomment pas ces objets peuvent en faire part à leurs camarades : il y en a parmi nous de très-intempérantes ; il en est qui mangent et s’enivrent toute la journée. Jamais de tels excès ne sont réprimandés : il en est également à qui ces quatre repas ne suffisent pas ; elles peuvent faire demander ce qu’elles veulent, on le leur apporte à l’instant. On est obligé de manger à table ; si l’on persistait à ne le vouloir pas, cette faute rentrerait dans l’article des rébellions envers la directrice, et serait punie conformément à l’article vingtième. Victorine préside aux repas ; mais elle est servie chez elle, séparément : sa table est de huit couverts, matin et soir ; elle y admet qui elle veut de l’un ou l’autre sérail ; souvent des moines lui tiennent compagnie, et règlent en ce cas le choix des conviés ; des orgies se célèbrent alors dans ce local, et l’on regarde comme une faveur d’y être admis.

Jamais les sujets invités aux soupers des moines ne sont pris d’une seule classe ; on les