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année ; mais il faut rendre ce que nous apportons ; il ne nous est pas permis d’en garder la moindre chose.

Notre nourriture est fort bonne, et toujours en très-grande abondance. S’ils ne recueillaient de là des branches certaines de volupté, peut-être cet article n’irait-il pas aussi bien ; mais comme leur libertinage y gagne, ils ne négligent rien pour nous gorger de nourriture. Ceux qui aiment à nous fouetter, nous ont plus dodues, plus grasses, et ceux qui ne jouissent qu’en nous voyant satisfaire aux plus sales besoins de la nature, sont assurés d’une plus ample récolte. En conséquence, nous sommes servies quatre fois le jour : l’heure du déjeûner est à neuf heures précises ; on y sert des volailles au riz, des pâtisseries, des jambons, des fruits, des crèmes, etc. ; à une heure on dîne, et la table, contenant trente couverts, est magnifiquement servie ; à cinq heures et demie le goûter ; des fruits l’été, des confitures l’hiver : le souper étant le repas des moines, est servi avec encore plus de profusion et de délicatesse ; celles de nous qui y assistent sont sûres d’y faire la plus grande chère du monde, sans pour cela que le service des salles y perde la