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dessus des portes ; pourquoi cette différence ? On enlève les noms de celles qui n’existent plus, dit Omphale, et comme il en manque deux aujourd’hui, voilà pourquoi quelques cellules sont sans étiquettes. Et que sont devenues ces deux, dit Justine ? Ne le devines-tu pas, dit Omphale ; ne te rappelles-tu donc pas le sort de cette malheureuse femme grosse d’hier au soir ? — Oh ! ciel, tu me fais frémir. — Mais, une vacance dans la plus jeune classe. — Eh ! qu’importe, la nature ou la raison parlent-elles au cœur de ces scélérats ? Mais prends patience, Justine, et laisse-moi mettre un peu d’ordre à mes détails. Avant que de commencer, jette un coup-d’œil sur la grande salle ; voilà nos compagnes qui se réunissent pour le déjeûner ; examine un instant l’ensemble ; nous rentrerons dans ta cellule après, et nous y poursuivrons nos récits. Justine accepte ; toutes ses compagnes l’entourent, et elle voit là réunies sous ses yeux vingt-huit filles, plus belles que l’on ne saurait peut-être en trouver en Europe. À la sollicitation d’Omphale, et pour que Justine put mieux examiner les grâces qui l’environnaient, toutes se rangèrent par classe ; Justine et son institutrice les parcoururent, et