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au fait du caractère et de la figure de cette directrice, pour la peindre nous-mêmes au lecteur,

Victorine était une grande fille de trente-huit ans, brune, sèche, des yeux noirs, très-ardens, de beaux cheveux, de belles dents, un nez à la romaine, une physionomie méchante, la voie forte, l’air et le caractère durs, beaucoup d’esprit, très-cruelle, très-immorale, extrêmement corrompue, fort impie, singulièrement orgueilleuse de sa place, et la remplissant avec autant de despotisme que de tyrannie. Nous allons voir incessamment, par les relations d’Omphale à Justine, combien les sujets du sérail dépendaient d’elle, et quel puissant empire elle pouvait exercer sur eux. Victorine possédait à-la-fois et tous les goûts, et tous les vices ; fouteuse, tribade, sodomite, elle aimait tout, elle se livrait à tout ; et, réunissant à ces défauts ceux de la gourmandise, de l’ivrognerie, du mensonge, de la calomnie, de la méchanceté et de la plus complète dépravation, cette femme, d’après ce que l’on voit, était un véritable monstre, dont il ne pouvait résulter que des horreurs.

Il y avait huit ans que cette mégère était à