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l’église et le despotisme, enfant de cette union, maintiendra nos droits dans le monde. Les hommes ne se mènent qu’avec la verge de fer ; je voudrais que tous les souverains (et en vérité ils y gagneraient) donnassent plus d’extension à notre autorité, qu’il n’y eût pas un seul de leurs états où l’inquisition ne fût en vigueur. Voyez comme elle lie en Espagne le peuple au souverain ; jamais ses chaînes ne seront aussi tendues que dans les pays où ce tribunal auguste se chargera de les river. On se plaint qu’il est sanguinaire, eh qu’importe ! ne vaut-il pas mieux n’avoir que douze millions de sujets soumis, que vingt-quatre qui ne le sont pas ? Ce n’est point par la multitude de ses sujets qu’un prince est vraiment grand, c’est par l’étendue de sa puissance sur eux, c’est par l’extrême soumission des individus sur lesquels il règne ; et jamais cette subordination n’aura lieu qu’au moyen du tribunal inquisitoire, qui, veillant à la sûreté du prince et à la splendeur de son empire, immolera chaque jour tous ceux qui menaceraient l’un ou l’autre. Eh qu’importe le sang qu’il en coûte pour cimenter les droits du souverain ! si ces droits se perdent, le peuple retombe dans une anarchie dont les