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doute, qu’un objet qui ne m’aurait servi que de simple et unique jouissance sans aucune espèce de relation avec moi, ne fût, par cela seul, proscrit dans mon imagination : mais si je rencontre dans cet objet, des similitudes, des convenances telles que celles que j’ai trouvées en toi, ne doute pas qu’alors, loin de briser les nœuds qui m’attachent à un tel objet, je ne les resserre par tous les moyens qui seront en moi. Au nom du plus tendre amour, cesse donc de t’inquiéter, mon ange ; je t’ai offert une façon certaine de te rassurer, ta délicatesse la refuse, ne me laisse donc pas imaginer maintenant que ton esprit puisse contrarier ton cœur ; ai-je d’ailleurs des moyens que tu ne possèdes toi-même ? — Assurément, tu en as, répondis-je, et je suis loin de connaître toute la profondeur de ton art. J’en conviens, dit mon amie en souriant, mais sois bien assurée que cet art ne sera mis en usage avec toi, que pour te contraindre à m’aimer. — Ah ! j’y compte ; je sais que les scélérats ne se nuisent jamais entr’eux, et sois bien convaincue que sans les affreux soupçons que tu m’avais donnés sur Clairwil, je ne l’aurais pas sacrifiée. — Il entre des regrets dans ce