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ter des plaisirs que ne partageait pas sa chère Juliette. Je déchargerais mieux avec toi, me dit-elle, si tu voulais que nous nous branlassions. Ce sera pour cette nuit, répondis-je, en déguisant mon cruel état du mieux qu’il m’était possible ; mais, d’honneur, à présent, ma chère, je ne banderais pas pour Adonis, Eh bien ! dit Clairwil, retournons au logis ; aussi bien, je me sens accablée ; je ne serai pas fâchée de me mettre au lit de bonne-heure. Adieu, Durand, poursuivit-elle ; à demain : tâche, sur-tout, que nous ayons dans la felouque, des musiciens, des vivres, et de bons fouteurs ; je ne connais point d’autre façon de me désennuyer sur mer. Nous rentrâmes.

C’est une singulière femme, que cette Durand, me dit Clairwil, dès que nous fûmes seules ; elle est bien dangereuse, ma chère, à quelle épreuve elle a mise mon amitié pour toi ! Croiras-tu que, dans l’instant où tu nous a quittées quelques minutes, pour passer dans une garde-robe, la scélérate m’a proposé de t’empoisonner, pour deux mille louis ? Peu surprise, je ne vis, dans ce propos, qu’un mauvais piège dans lequel il m’était impossible de donner. Je