Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

wil, quand on ne peut pas foutre par devant, on fout par derrière. Viens donc, tu sais que je ne goûte jamais de vrais plaisirs sans toi. Non, dis-je toujours entraînée par cette sorte de pressentiment qui me maîtrisait ; non, te dis-je, je ne bande point du tout, et je veux jaser. Clairwil entra dans le cabinet qui lui était destiné, et je vis distinctement, dans une glace, un signe énergique qu’elle fit à la sorcière, et qui me parut ne pouvoir être autre chose qu’une forte recommandation de silence. Les portes se ferment ; je reste avec Durand.

Oh ! Juliette, me dit cette femme dès que je fus seule avec elle, rends grâces à ton étoile des sentimens que tu m’inspires. Charmante fille, poursuit-elle en m’embrassant, non, tu ne seras pas la victime d’un monstre… Préférable à lui sous tous les rapports, je sauverai tes jours en te prévenant de tout. — De quoi s’agit-il donc, madame, vous me glacez d’effroi ? — Écoute-moi, Juliette, et sur-tout ne révèle rien. Cette île en Dalmatie… cette princesse Christine… ce voyage… chère fille, tu étais perdue… tout cela n’était que des pièges tendus par une femme que tu croyais ton amie. — Quoi !