Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cière de Paris… C’est la Durand ; et à peine eus-je fini, que l’individu dont nous parlions, se jette avec transport dans nos bras… Ah ! ah ! dit Clairwil un peu émue de revoir au bout de cinq ans une femme, qui lui avait prédit qu’elle n’avait plus que ce terme à vivre, quel est donc le hasard qui nous réunit en cette ville ? Venez chez moi, nous dit la Durand toujours belle, quoique ces gens-ci n’entendent pas notre langue, il est inutile de nous exposer devant eux.

Nous la suivîmes ; et après nous avoir reçues dans le plus bel appartement de l’hôtellerie qu’elle occupait, que je suis aise, nous dit-elle, dès que nous fûmes assises, de pouvoir vous procurer, dans fort peu de tems, la connaissance de la femme la plus singulière, la plus dans votre genre qu’ait encore créée la nature. — Qui donc ; dit Clairwil ? — C’est une sœur cadette de l’impératrice, une tante de la reine de Naples, ignorée de l’univers entier. La princesse Christine annonça, dès sa plus tendre enfance, un penchant si violent au libertinage, que son père sentit l’impossibilité de l’établir. Voyant que ses mauvais penchans croissaient avec l’âge, il prit le parti de lui acheter une île en Dal-