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assez dit pour le déterminer à cette action ; mais cet homme, sans force et sans caractère, était-il capable d’une action de vigueur ? aussi ne fit-il rien. Toute l’Europe a su, sans en connaître les motifs, et cette détention et sa brièveté. Pour nous, bien décidées à ne pas attendre le dénouement de cette aventure, nous fîmes sur-le-champ nos préparatifs de départ. Les quarante millions nous embarrassaient : Comme nous avions acheté beaucoup de bustes, de mosaïques, de marbres antiques, et de pierres du Vésuve, nous plaçâmes notre or dans de doubles fonds pratiqués aux caisses de ces emballages, et ce stratagème réussit à merveille, avant de les fermer, nous envoyâmes supplier le roi de les faire visiter ; il ne le voulut jamais, Nous les cachetâmes. Dix charriots les emportèrent, et nous les suivîmes dans deux carosses, l’un pour nos gens, l’autre pour nous. Un moment avant que de partir, nous fûmes prendre congé de Ferdinand, qui fit encore tout son possible pour nous retenir, et qui nous donna, de sa main même, le passe-port nécessaire à quitter ses états.

Le soir nous couchâmes à Capoue, huit jours après, à Rome où nous arrivâmes