Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’idée du crime que nous venions de commettre ne se présenta même à son imagination, et les choses en restèrent là. Nous renvoyâmes bientôt à Rome, les gens de la princesse de Borghèse, avec les certificats de son accident, et nous fîmes dire à sa famille qu’on eût à nous indiquer l’emploi à faire de ses bijoux et de son or, s’élevant, écrivîmes-nous, à trente mille francs, tandis que dans le fait elle en laissait pour plus de cent mille, dont vous sentez bien que nous nous étions emparées ; mais nous n’étions plus à Naples quand la réponse de la famille y vint, et nous jouîmes en paix de la spoliation faite à notre amie.

Olimpe, princesse de Borghèse, était une femme douce, aimante, emportée dans le plaisir, libertine par tempérament, pleine d’imagination, mais n’ayant jamais approfondi ses principes, timide, tenant encore à ses préjugés, susceptible d’être convertie au premier malheur qui lui serait arrivé, et qui, par cette seule faiblesse, n’était pas digne de deux femmes aussi corrompues que nous.

Un évènement plus important nous attendait. Le lendemain était le jour pris avec