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toutes ses branches, et l’on jouit mille fois d’avance, du plaisir dont on sait bien qu’on pétillera, dès qu’il sera commis.

Une calèche à six chevaux nous conduisît aux pieds du Volcan. Là, nous trouvâmes des guides, dont l’usage est de vous atteler à des bretelles, sur lesquelles on se soutient pour gravir la montagne : on est deux heures à parvenir au sommet. Les souliers neufs que vous apportez pour cette course, sont brûlés quand elle est finie. Nous montâmes gaiement ; nous persiflions Olimpe ; et il s’en fallait bien que la malheureuse comprit le double sens, aussi traître qu’entortillé, des sarcasmes que nous lui lâchions.

C’est une affreuse corvée, que le voyage de cette montagne : toujours dans la cendre jusqu’au cou, si l’on avance quatre pas, on en recule six, et perpétuellement dans la crainte que quelques laves ne vous engloutissent tout vivant. Nous arrivâmes, excédées, et nous nous reposâmes dès que nous fûmes à l’embouchure. Ce fut de là que nous considérâmes, avec un intérêt prodigieux, l’orifice tranquille de ce Volcan, qui dans ses momens de fureur fait trembler le royaume de Naples. Croyez-vous, dîmes-nous à nos guides