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et j’attendais ton retour avec impatience, n’y ayant que toi seule au monde avec qui je pus la satisfaire. Je veux me marier… me marier deux fois dans le même jour : à dix heures du matin, je veux, habillé en femme, épouser un homme ; à midi, vêtu en homme, épouser un bardache comme femme : je veux plus… je veux qu’une femme m’imite ; et quelle autre femme que toi pourrait servir cette fantaisie ? Il faut que, vêtue en homme, tu épouses une tribade à la même messe, où comme femme, j’épouserai un homme ; et que, vêtue en femme, tu épouses une autre tribade, vêtue en homme, quand, ayant repris les habits de mon sexe, j’épouserai, comme homme, un bardache habillé en fille. — Assurément, vous l’avez dit, monsieur, cette passion est bisarre. — Oui ; mais comme Néron épousa Tigellin comme femme, et Sporus comme homme, je n’invente, moi, que la double liaison dans un même jour, et la fantaisie de me voir imité par toi : les liens qui nous unissent déjà aux objets qui vont servir cette fantaisie, sont encore des épisodes neufs, et que Néron ne trouva pas. Les deux femmes à toi, sont d’abord Fontanges, qui, revêtue d’habits de notre sexe,