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je sonne, recommande cette jeune fille à mes tribades, fais mettre mes chevaux et vole chez Noirceuil. Il me demande des détails ; en lui peignant Fontange avec les seules couleurs de la vérité, je devais nécessairement l’enflammer. Vois, me dit-il, en me montrant un vit très-roide, vois, Juliette, l’effet de tes foutus pinceaux ; et me faisant passer dans son boudoir, il fallut absolument consentir à lui satisfaire quelques-unes de ces fantaisies bisarres qui doublent les effets du desir sans l’éteindre, qui ne sont pas des jouissances, mais qui, sur des têtes libertines comme celle de Noirceuil, valent mieux que toutes les conjonctions licites ou de l’hymen ou de l’amour ; nous fûmes deux heures, car j’aime aussi toutes ces petites horreurs-là : je les satisfais à des hommes avec le même plaisir qu’ils prennent à m’y soumettre ; leur lubricité allume la mienne : je ne les ai pas plutôt contentés, que je veux que l’on me contente à mon tour ; et après quelques heures de plaisir, qui ne nous coûtèrent aucune perte, tel fut à peu près le discours que me tînt Noirceuil.

Une fantaisie bien extraordinaire me tourmente depuis bien long-tems, Juliette,