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me gronder ; je vous conseille de me reprocher jusqu’aux bontés que j’ai eues pour vous. — Je ne dis pas cela, madame. — Ah ! dites-le si vous voulez, je vous assure que vos reproches me touchent aussi peu que vos éloges : on s’amuse d’une petite fille comme vous, on la méprise après. — Du mépris, madame ?… j’avais cru qu’on ne méprisait que le vice. — Le vice amuse, et la vertu fatigue ; or, je crois que ce qui sert à nos plaisirs doit toujours l’emporter sur ce qui n’est bon qu’à donner des vapeurs… Mais, vous répondez, ma belle ; vous êtes insolente, et vous n’êtes pas, il s’en faut, au degré de supériorité qui peut faire excuser ce travers ; je vous prie donc de laisser-là toutes ces discussions, mademoiselle ; le fait est que je ne vous dois rien ; que j’ai payé à un créancier de votre mère ce que j’étais chargé de vous remettre, et qu’il dépend absolument de ce créancier de vous rendre cette somme ou de la garder, et je vous avertis qu’il la gardera si vous n’avez pas pour lui les égards les plus étendus. — Et de quel genre, madame ? — Du genre de ceux que je viens d’exiger de vous ; il me semble que vous devriez m’entendre. — En