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der votre mari comme perdu ; c’est incontestable. Or, puisque dans cette terrible certitude, monsieur de Noirceuil, dont vous connaissez le crédit, vous offre de le sauver, si vous voulez déposer contre lui, je ne… — Mais à quoi sert cette déposition, puisqu’il veut le sauver ? — Il ne le peut sans cette déposition, c’est celle dont il se servira pour prouver que la procédure est informe, et les faits calomnieux, sans doute, dès que la femme sert elle-même de témoin. — Mais alors, je serai punie ? — Un couvent, dont nous vous tirerons huit jours après… Oh, madame ! comment se peut-il que vous balanciez ! — Mais, mon mari me croira coupable ; il saura que j’ai voulu le perdre ; cette idée pèsera sur mon cœur, je ne pourrai jamais revoir cet époux adoré, je ne le sauve qu’en me brouillant éternellement avec lui. — J’en conviens, mais ne vaut-il pas mieux cela que de l’envoyer à la mort ; et si vous l’aimez véritablement, ne devez-vous pas préférer sa vie au bonheur de le posséder ; s’il meurt, n’en serez-vous pas de même séparée ? — Funeste alternative !… et si l’on me trompe… si cet aveu achève de le perdre, au lieu de