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vous seulement que, quelque parti que vous preniez, vous éprouverez nécessairement un petit remords, car vous savez que la vertu en donne comme le crime. D’après cela, si vous abandonnez Fontange, et que vous gardiez l’argent, vous vous direz : pourquoi donc ai-je pris ce parti ? je regrette cette jolie personne. Si c’est le contraire que vous adoptez, vous vous direz : que je suis faible !… je jouirais des cinq cents mille francs, et je suis obligée de m’en passer aujourd’hui. Mais observez que le premier de ces remords a nécessairement, auprès de lui, une consolation réelle, une consolation physique. Il est vrai que j’ai perdue Fontange, direz-vous, mais je jouis ; au lieu que le second n’a, pour toute consolation, qu’une jouissance isolée, qu’un sacrifice mort à la vertu, dont vous ne recueillerez jamais nul mérite ; qu’une petite satisfaction intérieure ; qu’un plaisir intellectuel, très-médiocre par lui-même, et toujours troublé par l’autre remords, L’un, vous donne une privation de peu de conséquence, et une jouissance physique délicieuse ; l’autre, une privation très-réelle, et une simple jouissance de l’esprit. Votre manière de penser, d’ailleurs, s’op-