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mille francs, vous ne trompez point les intentions de votre amie ; je vous l’ai, je crois, suffisamment démontré : examinons maintenant une autre branche de vos dilemmes : si je rends, je fais la fortune de cette petite fille ; si je ne rends pas, je fais mon bonheur : voici comment l’on peut répondre à cela.

Nous ne pouvons, ce me semble, estimer les qualités des autres, que par les relations intimes qu’ils ont avec nous : ainsi, nous ne devons aimer un être quelconque, que parce que ses rapports s’enclavent avec les nôtres ; sa figure nous charme, son esprit, son caractère, sa manière d’être, tout cela nous donne du plaisir, et nous éprouvons une jouissance réelle à voir cet objet ; mais entre deux jouissances, le bon sens dicte, qu’il faut, quand on ne peut en avoir qu’une, choisir incontestablement la meilleure. Telle est votre position : ou il faut jouir de Fontange, en renonçant aux cinq cents mille francs, ou il faut jouir des cinq cents mille francs, en renonçant à Fontange. Ici, je n’ai point de conseils à vous donner ; vous seule pouvez choisir la jouissance qui vous conviendra le mieux. Comparez, décidez, et souvenez-