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cille que l’on ait eu de tout tems pour cela. En quoi manquez-vous d’abord aux intentions de votre amie ? Son intention pure et simple, est que cette somme aille à sa fille ; mais il n’est pas dit que vous ne deviez pas en jouir avant : ainsi, gardez avec l’intention de lui laisser la somme après vous, si elle existe, et voilà votre conscience en repos, si tant est que vous ayez besoin de la calmer ; ce qui tromperait le desir de votre amie, serait que vous laissassiez ce bien à un tiers ; mais quand vous en jouirez avec le projet de le laisser après vous, assurément l’intention se trouve parfaitement remplie ; madame de Donis ne vous a pas dit : conservez les jours de cet enfant, je vous les recommande, et si malheureusement elle meurt, le bien sera à vous, et n’y sera que dans ce cas ; elle vous a dit simplement, voilà cinq cents mille francs, je les laisse à ma fille ; eh bien ! si cette fille vous survit, qu’elles les ait après vous, les vœux du mort sont remplis ; maintenant, je vais plus loin ; trompassiez-vous même les intentions de ce mort, quel respect imbécille pouvez-vous donc imaginer qu’on puisse devoir aux ordres d’un individu qui n’est plus au monde ?