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qua à mon amie ; et certes, si la malheureuse se perdit, ce fût plutôt pour n’avoir pas tout osé, que pour n’avoir pas tout voulu.

Les trois inquisiteurs d’état envoyèrent, un matin chercher la Durand ; et après avoir exigé d’elle le secret le plus inviolable, ils lui révélèrent, qu’ils avaient besoin de ses secrets destructeurs, pour anéantir une faction nombreuse qui s’élevait dans la ville. Les choses sont malheureusement trop avancées, lui dirent-ils, pour employer les moyens juridiques ; nous n’avons plus que celui du poison. Vous savez avec quelle tranquillité nous vous, avons laissé jouir du fruit de vos forfaits, depuis trois ans que vous êtes dans Venise ; il faut nous en témoigner votre reconnaissance, en nous communiquant, ou en exerçant, pour notre compte aujourd’hui, des crimes dont il eût été de notre devoir de punir sévèrement les résultats. Avez-vous le double secret de donner la peste dans une ville, et d’en préserver ceux qui vous seront indiqués ? Non, dit la Durand, quoiqu’elle possédât et l’un et l’autre de ces secrets ; mais elle eut peur. Cela est bon, répondirent les magistrats, en lui faisant ouvrir une porte pour la congédier ; et