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bien, elle est expédiée. — Tu as raison… Voilà les billets écrits rentrons… Oh Juliette, quelle jouissance !… Non, je ne vis jamais une fille plus aimable que toi.

Voilà, dit Zeno, en reparaissant, la grace de votre père, mademoiselle ; lisez ce papier, mais vous imaginez, j’espère, que de telles faveurs ne s’accordent pas pour rien : — oh ! monseigneur, toute notre fortune est à vous, prenez, disposez, ordonnez, j’ai ordre de ma famille de prendre avec vous, sur cela, tous les arrangemens que vous voudrez. Il ne s’agit point d’argent, dit Zeno, ce que j’exige est plus précieux ; ce sont vos charmes, Virginie, qu’il faut m’abandonner ; telle est la seule récompense que j’exige, pour la grace que je vous accorde, et le courrier ne part pas que je n’aie obtenu ce que je demande. — Grand Dieu ! quel sacrifice !… O toi que j’aime, dit-elle, en tirant de son sein le portrait de son amant, faut-il donc que l’on ait la cruauté de me mettre entre l’infidélité et l’infamie ! Ah, monseigneur ! quelle belle action vous feriez, en vous contentant du bonheur de sauver la vie à un innocent : — cela est impossible ; il faut même que vous vous décidiez