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Partageons, me dit Silvia, j’aime l’argent qui vient du bordel, il m’a toujours porté bonheur. Me voilà suffisamment échauffée, me dit-elle ensuite, procédons au reste. Alors la coquine réunissant, dans un vaste salon, vingt-cinq hommes superbes, et vingt-cinq filles de la plus grande beauté, se livre seize heures de suite, devant moi, aux plus monstrueux écarts de la débauche… aux passions les plus désordonnées, aux goûts à-la-fois les plus sales et les plus extraordinaires dans une femme, qui, nécessairement, n’a dû contracter de pareilles habitudes qu’après avoir renoncé à tous les soins de sa réputation, à tous les principes de pudeur et de vertu dont il semble que notre sexe doive être exclusivement le dépositaire, et dont il ne s’écarte jamais sans surpasser alors tout ce que les hommes offrent de plus exécrable en ce genre.

Silvia, toute en feu, finit par la cruauté ; c’est l’usage. Voici l’horreur qu’elle inventa. Elle choisit pour victime un petit garçon de treize ans, joli comme un ange : je lui ferai beaucoup de mal, me dit-elle ; peut-être même le réduirai-je en une telle extrémité, que tu l’enterreras peu de jours après. Com-