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dans la poitrine, l’avait étouffée. On ne voyait donc, dans cet affreux repaire, d’un côté, que l’épuisement du crime et que ses sinistres effets de l’autre. Eh quoi ! mon ami, dis-je en m’approchant du coupable et secouant son vit, quoi ! tu laisseras ces victimes impunies ; tu n’exécuteras pas la sentence que tu as portée contre elles ? Non, dit le Vénitien, je suis épuisé ; je ne suis pas ennuyé du crime, mais j’en suis las ; il faut que je me repose. Désespérant d’en tirer davantage, je lui fais servir un consommé, et il se retire, après m’avoir payé cent mille francs les orgies qu’il vient de célébrer.

L’individu le plus apparent qui vint nous visiter, après ce personnage, fut une noble Vénitienne, très-riche, et très-connue par ses débauches.

Silvia, âgée de quarante-cinq ans, grande, faite à peindre, et les plus beaux yeux possibles, arrivait pour passer trois jours entiers dans notre maison. Mes amies, nous dit-elle, j’ai une réplétion de foutre qui ne peut s’épancher que dans des horreurs, et j’en desire de tous les genres. Je veux d’abord, poursuivit cette nouvelle Messaline, que vous me prostituiez à quelques libertins,