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core de sévir contre ceux-là. Que vous reste-t-il donc à faire, hommes ignorans et stupides, lorsque vous voyez commettre des crimes ? Vous devez admirer et vous taire ; admirer… très-certainement, car rien n’est intéressant, rien n’est beau comme l’homme que ses passions entraînent ; vous taire… bien plus sûrement encore, car ce que vous voyez est l’ouvrage de la nature, qui ne doit vous inspirer pour elle, que du respect et du silence,

À l’égard de ce qui me regarde, je conviens avec vous, mes amies, qu’il n’existe pas au monde un homme plus immoral que moi ; il n’est pas un seul frein que je n’aie brisé, pas un principe dont je ne me sois affranchi, pas une vertu que je n’aie outragée, pas un seul crime que je n’aie commis ; et je dois l’avouer, ce n’est jamais qu’au bouleversement constaté de toutes les conventions sociales, de toutes les loix humaines, que j’ai vraiment senti la luxure palpiter dans mon cœur, et l’embrâser de ses feux divins : je bande à toutes les actions criminelles ou féroces ; je banderais à assassiner sur les grands chemins ; je banderais à exercer le métier de bourreau : eh ! pour-