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être aussi savant que lui, et rien de ce qu’il m’annonce, dès-lors, ne peut plus être respecté de moi ; aucun être n’a le droit despotique de me soumettre à ce qu’il a dit ou pensé ; et à quelque point que j’enfreigne ces rêveries humaines, il n’est aucun individu sur la terre qui puisse acquérir le droit de m’en blâmer ou de m’en punir. Dans quel gouffre d’erreurs ou d’imbécillités nous plongerions-nous si tous les hommes suivaient aveuglément ce qu’il a plu à d’autres hommes d’établir ; et par quelle incroyable injustice nommerez-vous moral, ce qui vient de vous, immoral, ce qui vient de moi ? À qui nous en rapporterons-nous, pour savoir de quel côté se trouve la raison ? Mais, objecte-t-on, il y a des choses si visiblement infâmes, qu’il est impossible de douter de leur danger ou de leur horreur : pour moi, j’avoue sincèrement que je ne connais aucune action de ce genre… aucune qui, conseillée par la nature, n’ait fait autrefois la base de quelques coutumes anciennes ; aucune enfin qui, n’étant assaisonnée de quelques attraits, ne devienne, par cela seul, légitime et bonne ; d’où je conclus qu’il n’en est pas une seule à laquelle on doive résister, pas