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n’est pas encore à elles qu’il en veut : le cadavre l’occupe, il le saisit, et sa dent carnacière, s’attache un moment sur les restes inanimées de cette malheureuse, qu’il quitte bientôt, pour se porter, avec la même rage, sur les deux objets qui le fuient. Il martyrise, avec la même furie, l’une et l’autre de ces créatures ; et c’est précisément sur les parties les plus charnues, que le scélérat s’attache à plaisir. Il bande extraordinairement : je suis obligée de le suivre, tantôt pour le frapper de toutes mes forces, tantôt pour le branler en dessous ou lui gamahucher le derrière : opération à laquelle je procédais en levant la queue de sa peau de tigre. Peu à peu ses cruautés se rafinent ; il saute sur sa maîtresse, en me faisant un signal ; je l’aide ; nous lions et garottons cette malheureuse sur un banc de bois ; il s’établit à califourchon sur elle, et de ses griffes aiguës, le scélérat lui arrache les yeux, le nez et les joues ; il la baisait, l’infâme, pendant qu’elle poussait ainsi les hauts-cris ; et moi, je me branlais de toutes mes forces. Sans moi, me disais-je, sans mes trahisons, mes perfidies, mes conseils, il n’aurait jamais entrepris